Repères biographiques

 

Max Rouquette est né à Argelliers, village de l’arrière pays montpelliérain, le 8 décembre 1908. Après une enfance profondément marquée par le contact avec la nature sauvage, immergée dans la langue occitane à l’état natif et le monde des légendes, il poursuit ses études secondaires au Lycée de Montpellier. Ce sont des années d’éblouissement au cours desquelles il découvre la culture classique et le monde de l’écriture. Il étudie la médecine dans l’antique faculté de cette ville, s’impliquant dans la vie étudiante, et notamment dans une association, Le Nouveau Languedoc, dont il contribue à faire un outil ambitieux de diffusion et de valorisation de la culture d’Oc.

Au cours de ces années, en contact avec les intellectuels de Catalogne espagnole qui tentent de susciter une renaissance occitane soeur de la renaissance catalane, il cotoie des personnalités marquantes de la culture d’Oc de l’époque, dont l’injustement oublié François Dezeuze, « l’Escoutaire », et surtout le poète Josep Sebastià Pons, dont la manière lumineuse d’appréhender le fait poétique aura sur lui une influence décisive. Il publie ses premiers poèmes en 1931.

Effectuant à Toulon son internat de médecine et son service militaire, il anime avec Charles Camproux un journal militant « Occitania » qui prolonge l’action du « Nouveau Languedoc » en l’étendant à l’ensemble des pays d’Oc. C’est l’époque où il commence à écrire des proses d’une totale nouveauté, transmuant le monde des hautes garrigues en métaphore cosmique de l’âme humaine arrachée au jardin d'Eden et projetée dans la terrifiante vacuité existentielle du XXe siècle.

Médecin de campagne à Aniane pendant 10 ans, ce qui l’immerge journalièrement dans la langue d’oc, il trouve le temps d’écrire certaines de ses plus belles pages, tout en s’investissant dans le fonctionnement de la Societat d’Estudis Occitans. Ce travail opiniâtre aboutit en 1945 à la fondation officielle de l’Institut d’Etudes Occitanes, dont Max sera un temps le secrétaire puis le président. Devenu médecin-conseil de la Sécurité Sociale, il demeurera désormais à Montpellier, de 1946 à sa mort en 2005. Il s’investit alors dans la renaissance du jeu languedocien du tambourin. Par la suite, il dirige de 1954 à 1978 Vida Nova, une revue trimestrielle occitano-catalane qui permet aux écrivains catalans espagnols de s’exprimer dans leur langue, alors frappée d’interdit. En 1962, il forme, en compagnie de Jean Camp et Jorgi Reboul, le Pen-Club de langue d’Oc, dont il devient le président.

A partir de 1974, après une douloureuse traversée du désert, il est saisi à nouveau par l’urgence d’écrire, et de terminer tout d’abord les sept tomes de Vert Paradis. De 1978 à 1983, il dirige la revue littéraire Oc, vitrine de la culture occitane d’avant-garde. Renouant avec sa jeunesse, il écrit à nouveau des poèmes, un ensemble d’une musicalité et d’une puissance surprenantes dont témoignera D’aicí mil ans de lutz (À mille années-lumière, 1995). Son œuvre se diversifie : romans, théâtre, « bestiaires », souvenirs, albums avec des photographes…

Traduit en français, puis dans de nombreuses langues, dès 1980, il acquiert peu à peu une large notoriété internationale, et poursuit l’élaboration de son œuvre de prose et de théâtre, jusqu’à son décès le 24 juin 2005 à Montpellier, à l’âge de 96 ans.