Los Saumes de la nuòch

 

Psaumes de la nuit

Les psaumes de la nuit

 

Réunit en édition bilingue les trois recueils Sòmis dau matin, Sòmis de la nuòch, et La Pietat dau matin

1984, éditions Obsidiane

Réédité en 2019 chez Fédérop

 

Sòmis dau matin (Les songes du matin, 1937)

Sòmis dau matinLes Sòmis dau matin sont les poèmes que Max Rouquette écrivit avant d'atteindre l'âge de trente ans. Dès 1931, le plus ancien d'entre eux paru dans OC, Paraulas per l'èrba montrait de quelle manière Max avait trouvé son style propre, pour illustrer idéalement ce qu'il avait ressenti chez Josèp-Sabastià Pons: "La poésie est une des formes les plus pures de la présence au monde". Ces 21 textes des années 30 sont entièrement illuminés par une réceptivité au mystère des choses et des êtres, chacun recelant un abîme d'étrangeté. La perception de cet infini d'étrangeté suscite en lui une sensation de griserie et de plénitude. Le jeune médecin de 30 ans a encore gardé, dans un jardin secret de son âme, ce regard surpris de l'enfant qui scrutait le secret de l'herbe. Et il transmue cela en vers limpides et musicaux. Mais la nature de ce secret, ce sont les oeuvres à venir qui nous le feront entrevoir...

Sòmis de la nuòch (Les songes de la nuit, 1942)

Max Rouquette est médecin à Aniane, et il y écrit certaines de ses plus belles pages. Ce mystère des choses et des êtres qu'il nous laissait entrevoir avec émotion dans les Sòmis dau matin de 1937 et les premières proses, il va peu à peu nous y faire pénétrer. Il poursuit son itinéraire poétique, dans un style de plus en plus limpide, où apparaissent maintenant, discrètes mais persistantes, des tonalités oniriques. Qui peu à peu définiront les contours et les sentiers buissonniers d'un pays ensorcelant, projection de ses émotions initiales et miroir de ces étendues sauvages dont il voit disparaître la civilisation traditionnelle. C'est une véritable cosmogonie mythologique qui se bâtit en une lente maturation. Dans les années 40, la gravité vient se mêler à l'émerveillement. Ces 14 textes témoignent d'une profonde blessure de l'âme, qui a perdu l'accès au paradis et en garde une nostalgie profonde. Elles parlent du jardin d'Eden dont le souvenir nostalgique de l'enfance est un évident reflet mais qui est bien autre chose, qui est cette inguérissable blessure ontologique qui fait de toute vie une quête pathétique et vouée à l'échec. Ce thème dont la dimension irrémédiablement tragique se déploie soudain dans les années 40, reviendra de façon lancinante dans les textes futurs.

La Pietat dau matin (La pitié du matin, 1963)

Pietat dau matinCe volume dont la première partie reprend 12 poèmes des deux recueils précédents, présente 15 textes datables des années d'après-guerre. Leur style se situe dans le prolongement direct de la trajectoire amorcée par les deux précédents, en parallèle à l'élaboration de Verd Paradís. La vacuité somptueuse du monde s'y peuple de présences fascinantes et totalement incompréhensibles, engendrées par les sortilèges de la lumière et de l'ombre. L'auteur les contemple et en fait jaillir l'insondable étrangeté, déployant tout un monde onirique inouï et pourtant familier.

(J-F.Brun)

 


Page suivante : Lo maucòr de l'unicòrn