Lo maucòr de l'unicòrn

 

Le tourment de la licorne

Le tourment de la licorne

2eme édition bilingue
Traduction française de l'auteur.

2000, éditions Domens

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Cet important recueil de 60 textes, 26 ans après le précédent, traduit un retour à la poésie dans les années 80. Ces poèmes, d’une forme plus résolument moderne que ceux des décennies précédentes, jalonnent, au dire de l'auteur, une quête centrée sur "l'enclausiment de la nuòch" (la fascination de la nuit). Cette fascination qui a goût de rêve et d'inguérissable tourment prend les traits de la licorne, bête fabuleuse dont le galop solitaire figure tout ce qui, enseveli dans l'être d'un homme, vient un jour, au hasard de ses jours, faire surface au plan de la source endormie. Désormais, le vide éblouissant circonscrit dans les premiers recueils s'est fait forêt de symboles, et les strophes en déploient la richesse et la magnificence. On y rencontre Venise dansant sur le mortel abîme des eaux pour oublier ses terreurs, la Rose Bengaline qui est la fleur indicible de la quête existentielle, la solitude d'Ariane songeuse sur le rivage, la paix surnaturelle du monument où reposent les amours mortes...

Dans ce recueil qui est celui de la reprise de parole, Max Rouquette évoque également son engagement dans l'écriture. Il dépeint ce silence subit, assourdissant, qui l'a pris à la gorge : les mots, ces mots qui disaient les choses, qui reconstruisaient le monde, ces paroles qui étaient "la lumière en chemin", se sont évanouis. Les occitans ont perdu la parole et sont désormais muets, pris au filet d'un espace de pensée étranger qui n'est pas fait pour eux. Hypnotisé par ce silence, le poète s'est tu, lui aussi. Et pourtant il reprend subitement la parole et jusqu'à ce que la mort le saisisse il ne s'arrêtera plus. "Désormais mes pas frôlent la dalle / la dalle pesante de la paix / j'ai tout juste le temps de parler"...
Et plus loin il nous explique comment s'accomplit le surprenant prodige :

Il bâtit de paroles une grand mur pour se séparer du monde obscur.
Des paroles sans éclat ni reflets, des paroles de chaque jour avec leur poids de choses.
Et parce qu'elles n'avaient que le reflet des choses, non le sien, voici que se fit le miracle.
Et la source intérieure se remit à couler, et son léger murmure devint un chant.
Le chant du grillon qui va jusqu'aux étoiles.



(J-F.Brun)

 


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