Las canas de Midàs (Verd Paradís V)

 

Max Rouquette, les roseaux de Midas

Les roseaux de Midas

Version française

Traduction de l'auteur.

2000, éditions de Paris

Épuisé
(peut se trouver d'occasion sur abebook.fr)

 

 

L’édition occitane des Canas de Midàs, publiée en 1990, contient quelques récits, comme Les sept contrebasses, dont Max Rouquette avait certainement souhaité qu’ils soient placés dans le cours du livre à la date de leur écriture, et de la sorte associés aux circonstances qui les avaient fait naître. L’édition française, dix ans plus tard, n’a gardé de cet ouvrage constituant le cinquième tome de Vert Paradis que ce qui en constituait dès l’origine l’essentiel, et la raison d’être : les fragments mis bout à bout d’un journal de vie et d’écriture, classés par ordre chronologique, depuis 1945 jusqu’à 1999. La référence au récit légendaire des mésaventures de Midas, l'antique roi de Phrygie, est un des mythes qui traverse l’œuvre de Max Rouquette, et auquel l’écrivain était particulièrement attaché. Un poème recueilli en 1988 dans Le tourment de la licorne nous livre une des raisons de cet attachement :

Je suis une voix dans les roseaux
rien qu’une voix.
La voix de Midas entre les roseaux,
le roi sans or et sans couronne...

C’est cette voix du roi, nu et démasqué, dont les roseaux répandaient partout malgré lui les secrets, qui est assimilée à celle du diariste et, plus largement, de l’écrivain. Ces notes rassemblées disent la misère de son dépouillement, sans emphase ni manières. Mais chaque parole recueillie reste précieuse, teintée qu’elle peut être des reflets changeants de l’instant comme de l’éternité. En parcourant Les Roseaux de Midas, le lecteur, discrètement, surprend quelques-uns des ressorts qui n’ont pas cessé de conduire l’existence et la plume de Rouquette. Et l’on y saisit au vol, par moments, la naissance d’un récit, le thème d’un poème, l’un ou l’autre à jamais inachevés, ou seulement esquissés. S’il s’agit bien là du journal d’un écrivain, ce journal, loin d’être ostentatoire, a choisi résolument le murmure, la confidence intérieure, aux limites du silence.

(Ph.Gardy)